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Substitution des emballages plastiques : oui, les solutions en carton sont recyclables !
Devant la demande croissante sociétale et réglementaire de substitution des emballages plastiques, la recherche d’emballages en carton ondulé n’a jamais été aussi forte. Cette substitution ne se fait cependant pas encore totalement sans plastiques et certains voudraient dénoncer une supercherie. Philippe DURAND, Président de Carton ondulé de France, répond aux questions fréquemment posées à ce sujet.
COF : Quelles sont les solutions mises en œuvre par le secteur du carton ondulé pour répondre aux besoins des conditionneurs qui veulent substituer leurs emballages en plastique ?
Philippe Durand : Les fabricants de carton ondulé sont plus que jamais à pied d’œuvre pour développer des solutions dans de nombreux secteurs. Et le processus est seulement en train de se mettre en marche ! Le choix du carton ondulé comme matériau de substitution est une évidence pour de nombreux acteurs de la grande consommation. Une étude allemande avait d’ailleurs montré que 21% des emballages plastiques existants pouvaient être substitués par des solutions d’emballage en carton ondulé existantes ou pouvant raisonnablement être développées dans un délai de 3 à 5 ans (lien).
Parmi les innovations développées, on peut citer les nombreux modèles d’UVC pour les fruits et légumes, des solutions de regroupement de bouteilles ou de canettes, des barquettes pour produits frais ou plats cuisinés, des emballages alimentaires pour produits à emporter, des calages, des solutions pour le e-commerce pratiques et peu encombrantes pour l’envoi de produits textiles… De plus, de nombreuses solutions restent encore confidentielles avant leurs mises en marché par nos clients !
Les performances techniques du carton ondulé permettent à de nombreuses solutions de voir le jour même si elles sont parfois complexes à mettre en œuvre sur des aspects liés à la fermeture de l’emballage par exemple ou à des problématiques de propriétés barrières pour des produits alimentaires.
COF : Justement, du fait de ce besoin de propriétés barrières par exemple, toutes ces solutions ne sont pas exemptes de plastique. Est-ce que cela n’est pas incompatible avec la recherche d’emballages recyclables ?
Philippe Durand : L’utilisation du plastique est loin d’être systématique pour obtenir ces propriétés ! La performance des solutions proposées peut parfois être atteinte par l’application d’une cire, d’un vernis ou un traitement à la paraffine par exemple. Mais parfois il est nécessaire d’utiliser un couchage d’une fine pellicule plastique, c’est vrai.
Cette solution n’est pas incompatible avec les objectifs poursuivis par nos clients, pour différentes raisons :
- Tout d’abord, elle permet de réduire considérablement les quantités de plastiques utilisées. Une barquette de fruits associant carton et enduction PET, par exemple, permet d’économiser jusqu’à 70% de plastique par rapport à une barquette classique. En fin de vie, ces plastiques restent sous contrôle industriel puisque les emballages papier carton usagés sont majoritairement collectés pour recyclage et ne risquent donc pas d’être abandonnés et de polluer les océans (ce qui est je le rappelle l’objectif initial de la réglementation européenne récente sur les emballages plastique). Ils sont de plus en plus valorisés.
- Les emballages papier carton associés à du plastique restent par ailleurs recyclables dans les circuits traditionnels et sont couverts par la garantie de reprise donnée par la filière. Nous travaillons en filière pour continuer à assurer ce recyclage et sommes attentifs à nos responsabilités : les conditionneurs peuvent tester la recyclabilité de leurs nouveaux emballages avec le CEREC*, et s’ils sont déclarés non recyclables, ils ne seront pas couverts par la garantie de reprise.
La quantité d’emballages associant carton et plastique ne devrait pas devenir un problème pour la filière du recyclage puisqu’on s’attend au maximum à 20000 tonnes d’emballages papier carton associés à du plastique. Ceci reste limité comparativement aux 760 000 tonnes d’emballages ménagers recyclés tous les ans.
COF : Ces solutions peuvent donc permettre aux clients du secteur de remplir leurs premiers objectifs. Peuvent-elles être considérées comme transitoires ?
Philippe Durand : Les solutions actuelles permettent d’apporter rapidement des réponses alternatives à la réduction du plastique souhaitée. Mais ce n’est qu’une solution transitoire.
Les fabricants de carton ondulé travaillent à développer des techniques alternatives et, dans un plus long terme, les travaux du Centre Technique du Papier de Grenoble nous permettent d’envisager la mise sur le marché de solutions mono-matériau présentant toutes les qualités requises, de résistance à l’eau grâce à la chromatogénie, et barrières à l’oxygène et aux graisses grâce à l’utilisation de microfibrilles de cellulose.
Pour l’heure, l’important est de répondre aux besoins urgents de nos clients en leur proposant des solutions recyclables réduisant très fortement leurs impacts sur l’environnement.
* Dans le secteur du papier carton, pour aider les metteurs en marché d’emballages à évaluer leurs choix techniques au regard de la recyclabilité de leurs emballages, la filière emballage papier carton a créé, via REVIPAC et en collaboration avec CITEO, un comité d’expertise technique, le Comité d’Évaluation de la Recyclabilité des Emballages papier-Carton (CEREC), qui peut tester la recyclabilité des emballages et, si nécessaire, conseiller des voies d’optimisation.